Sweet Home Adamaoua

par Fabien 19 Octobre 2011, 15:17 CAMEROUN - Voyages Pro

Attention, aujourd’hui, ça va parler technique !

 

La semaine dernière, je suis allé faire une mission d’une semaine dans l’Adamaoua, région un peu plus au nord du Cameroun. Du coup ça m’a inspiré ce superbe titre !

(En référence à la chanson de Lynyrd Skynyrd, Sweet Home Alabama, pour ceux qui n’auraient pas compris)

 

Et pour ce rendre là-bas, on utilise… Le train !

 

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J’en avais parlé dans mon article intitulé « on sort », pour aller à Tibati il faut environ 15h en voiture, soit une journée et demie. Ou alors 12h en train, de nuit, ce qui permet de perdre moins de temps, quand celui-ci est à l’heure.

 

 

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Ma boite assure le contrôle des travaux sur la portion Fumban-Tibati-Ngaoundere. Après l’étude, l’axe a été divisé en plusieurs secteurs, qui seront à terme tous bitumés. Mais dans un premier temps, un an et demi de travaux ont été engagés, et seulement 4 secteurs seront traités, qui correspondent à des ouvrages importants dans un état critique. Nous avons des équipes sur place pour assurer le suivi, et donc être « les yeux et les oreilles du Ministère des Travaux Publics sur place ». Et mon rôle est de surveiller ceux qui surveillent… Plus sérieusement, c’est d’avoir un œil sur leur travail, leur organisation, de corriger ce qui ne va pas et de m’assurer qu’ils ont tous les moyens nécessaires à leur travail. C’est donc de Management, et pas vraiment de Technique dont je m’occupe sur ce type de projets.

(Ça c’était pour tous ceux qui me demandent « mais tu fais quoi en fait ? »)

 

Bon je l’ai dit, on reprend certaines portions de route, mais la majorité du tronçon reste, surtout en cette saison des pluies, trèèèès accidentée… Et pourtant il s'agit de la RN6 !

 

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Parfois on s’arrête donner un coup de main :

 

 

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Parfois… Y'a pas le temps, débrouille-toi !

 

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Faut être un peu suicidaire pour tenter l’aventure ici avec ce véhicule aussi…

 

Mais même les nôtres, adaptés aux terrains accidentés,  la mécanique souffre…

 

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Parmi les ouvrages en cours de reconstruction, voici un pont au-dessus de « Mayo Mbam ». Mayo se dit d’un cours d’eau qui est presque inexistant en saison sèche, et devient une rivière en saison des pluies. Et aussi surprenant que cela peut paraitre, le cours d’eau, de quelques mètres de profondeur que l’on voit là, se traverse à pied sans problème en Avril.


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Et pour remplacer celui-ci, qui a déjà vécu et provoqué plusieurs accidents par sa fragilité, on construit un joli pont juste à côté. Sur une rive on construit une culée. Et oui, comme le dit si bien ce cher prof de l’ENISE, "on a déjà vu des ponts sans piles mais jamais des ponts sans culées…" (Que d’humour aujourd’hui). Comme on est directement sur de la roche, une semelle, et hop on coule. Admirez ce superbe échafaudage, respectant toutes les normes en vigueur au Cameroun (il n’y en a pas).

 

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Et derrière, on aperçoit la base, où l’on stocke le matériel de chantier.

 

Vu d’un peu plus près, le ferraillage, pour un mur d’1m20 d’épaisseur. Les aciers, que du HA32. La raison est simple : En Europe, on va chercher à optimiser au maximum le ferraillage, en utilisant différentes tailles d’acier, l’important étant de limiter le tonnage d’acier final. Ici, le prix de l’acier est une chose, mais le plus cher reste l’approvisionnement. Il est donc plus intéressant de ne commander que quelques tailles, et de prendre une grande quantité de celles-ci, pour faire chuter au maximum le coût de la logistique, quitte à surdimensionner l'ouvrage.

 

 

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De l’autre côté du pont maintenant, le sol étant mauvais, on utilise des pieux. On enfonce donc ces longs tubes jusqu’à 18m de profondeur pour atteindre le sol stable.

 

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Et pour les enfoncer, la technique est simple : On tape dessus. Il s'agit donc de pieux battus.

Un gros marteau, suspendu à la grue, vient taper jusqu’à atteindre la profondeur voulue.

 

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On videra ensuite l'interieur du tube, et retirera le tube et on remplira de béton à la place, sans oublier les aciers.


Et pour le nouveau pont, on utilisera une structure métallique, développée par la société Matière, appelée « Unibridge ». Le principe est le même que pour les aciers : Limiter les coûts de transport. Les poutres sont standardisées, fabriquées en usine, et rentrent dans un conteneur (environ 12m et 6m) ce qui diminue grandement leur coût de transport. Pour avoir de plus grandes portées, on assemble entre elles ces poutres, jusqu’à environ 33m de portée si j’ai bien retenu. Idéal pour les petits et moyens ouvrages.

 

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Les poutres en question

 

Le pont actuel, en bien mauvais état, a été à l’origine de plusieurs évènements tragiques. Le dernier en date, un camion avec une dizaine de tonnes de chargement, en plus de son poids à vide, qui est passé sur le pont alors qu’un arrêté interdit le passage aux plus de 5 tonnes. On peut le voir sur la photo ci-dessous, une partie du pont a lâché sous le poids de la roue du camion. On voit bien le platelage continu de part et d’autre de la pile, mais cassé au-dessus de celle-ci sur 5 mètres (avec quelques planches qui pendent).

 

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Le camion a donc chuté dans l’eau, avec 5 personnes à son bord. Avec la force du courant, rien n’a pu être fait avant plusieurs jours. 4 corps ont été repêchés, le cinquième est toujours porté disparu, très certainement emporté par les flots… On aperçoit encore le camion, dont une roue dépasse :

 

 

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Allez plus léger, voici à quoi ressemble un habitat traditionnel ici. Enfin je dis traditionnel, mais la totalité des maisons sont faites comme ceci. Des murs en briques de terre rouge, et des toits en branches. Je n’ai pas eu l’occasion de tester l’étanchéité du truc, mais s’ils font tous comme ça, c’est que ça doit marcher !

 

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Et pour rentrer, j’ai pris à nouveau le train. A l’aller je n’avais pas eu de problème, mais au retour… Déjà pour prendre son billet, la réservation se fait au guichet, quelques heures avant le départ. Le train part de Ngaoundere à 18h30, et moi je le prenais à Ngaoundal, où il devait passer supposément à 20h30. J’arrive donc là-bas à 19h30, fait 30 minutes de queue pour mon billet, puis m’installe sur le quai à 20h. Le train est arrivé à 23h, puis a eu pas mal de problèmes en route, pour une arrivée à Yaoundé à 12h au lieu de 8h prévu. Bref du retard, de l’attente, pas confortable… Je ne me plaindrai plus jamais de la SNCF après ça ! A chaque gare, des vendeurs en tout genre se pressent aux fenêtres pour vendre à manger. Du coup tout le train a ce magnifique parfum de magnioque ????, de banane…

 

Et le pire dans tout ça ? J’ai raté le match de la demi-finale, à cause du retard ! Heureusement j’ai pu avoir une rediffusion sur la chaine Sud-Africaine en rentrant chez moi.

 

Allez la traditionnelle photo bonus. Quand on rentre de mission, on ramène toujours des petits trucs. Fernando lui a ramené un régime de bananes plantain !

 

bonus

 

Ce sont les grosses bananes farineuses que l’on mange surtout en frites. Le tout pour 1500 FCFA (2euros). On va avoir de quoi faire !

 

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commentaires
J
<br /> Je reregarde les photos et je ne vois pas de soleil??? ce n'est pas un climat tropical?<br /> Tes parents ont du arriver, j'éspere qu'ils s'y plaisent!<br /> Bises<br /> <br /> <br />
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V
<br /> J'ADOOOREEEEEEEEEEE !!!!!!!! surtout les photos .. on se croirait dans un autre monde !!! ça nous fait apprécier le nôtre. Pour ce qui est des bananes, elle n'ont pas l'air épaisses peut-être parce<br /> qu'elles ne sont pas mures !bizzzzzz<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Merci ! Oui, elles sont vertes les plantains, c'est meilleur en frites, car moins sucrées et plus croustillantes !<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Hello!<br /> Enfin du lourd, du concret, un truc de bonhomme avec force de détails, des rebondissements, de l'action quoi!<br /> Bises<br /> <br /> <br />
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