Wild Wild West !

Bonjour !

Bon maintenant que j’ai un peu plus le temps, je vais vous raconter mon séjour dans le Sud-Ouest du pays. Plein de photos en perspectives !

(N’hésitez pas à cliquer sur les photos pour les agrandir, je les ai toutes téléchargées en pleine résolution)

Le contexte : ma société a gagné ce marché, il s’agit d’une étude de la route entre Kumba et Mamfé, deux villes de la région sud-ouest du Cameroun, la partie Anglophone.  Notre objectif est de produire à l’issue de l’étude un DAO pour qu’une entreprise de construction vienne exécuter les travaux, à savoir tout bitumer. Cette route, la RN8, est réputée une des plus mauvaises du Cameroun. Et vous allez le voir, c’est sport !

La route, de 150km, se divise en 3 tronçons d’environ 50km : le premier est très mauvais, mais praticable (avec le véhicule adapté). Le deuxième est bitumé, donc sans soucis. Et le troisième, est juste impraticable tellement il est défoncé. Bon quand je dis mauvais, bien que ce soit une route nationale, ça ressemble à ça :

De grands travaux ont été entrepris au milieu des années 80 sur cette route. Elle est relativement stratégique, puisqu’elle permet notamment la liaison avec le Nigeria (pays le plus peuplé d’Afrique). Et tous les travaux ont été brutalement stoppés en 1987 puisque une grosse crise économique a frappé le Cameroun, l’entreprise de construction a donc tout arrêté puisqu’elle n’était plus payée par le gouvernement. Et vous allez voir, c’est assez surprenant.

Les experts de chaque domaine (pont, route, géotechnique, traffic etc…) faisait une première reconnaissance de site, pour chacun établir par la suite leur planning d’intervention. Nous voilà donc parti, une équipe de 8 personnes (+ chauffeurs) avec nos 4x4. Le premier tronçon a été sport mais avec un peu de maitrise technique du véhicule, ça passe :

On passe différents petits ponts, comme celui-ci :

Et là, on tombe sur des ponts, qui ont été commencés, mais jamais fini :

Sur cette photo, on voit à gauche le pont petit mais en usage (bien défoncé) et à droite le nouveau pont, non fini, et complétement recouvert par la végétation depuis 1987.

Et un peu plus loin, un viaduc magnifique de plus d’1km, au milieu de rien, on croit vraiment rêver !

Celle là c'est mon fond d'écran!

La petite cascade et le brouillard au dessus. On dirait les décors d'Avatar !

Et dès qu’on sort de ce pont, à nouveau des bourbiers, des routes en terre défoncées !

Sur ces routes en terre, comme je l’ai dit, avec le véhicule adapté et de la maitrise, on s’en sort. Mais parfois pour certains, ça ne passe pas. Et là une seule solution, l’entraide !

Ta moto est en panne ? Viens sur la mienne !

Bon et parfois, là, c’est game over…

Pas de chance...

On a passé la nuit dans un petit village, très sympa.

Et de manière générale, on assiste à des scènes de vie quotidienne très intéressantes. A commencer par les écoliers : ici ils ont tous des uniformes. Et c’est une bonne chose, on les reconnait bien au bord de la route !

Et quand ils nous aperçoivent, ils courent vers nous en criant « White man !! ». Ils nous saluent, et n’attendent qu’une chose, qu’on les salue en retour ! Et tant qu’on ne leur a pas fait un signe de la main qui leur est clairement adressé, ils continuent à courir le long de la route à côté de la voiture en criant leur « White man ! White man ! ».

Et une fois par semaine, il y a dans chaque école les TM, Travaux Manuels ! Ca consiste à amener chacun sa machette, ou houx pour les filles, et à débroussailler l’école !

 C’est sûr, c’est pas en France qu’on acceptera de demander à chaque enfant d’amener sa propre machette et de travailler avec ! On aurait bien vite des blessés, et des associations de parents d’élèves scandalisés qu’on demande ça à leurs enfants. Mais bon tout pousse tellement vite ici, qu'on est obligé de débroussailler très régulièrement. Et si il faut payer quelqu'un pour faire ça, ça revient vite cher à la commune. Autant le faire faire aux enfants, puis ça leur degourdit les jambes !

La toilette ici se fait dans la rivière :

Et les transports en commun ressemblent à ça :

Une des cultures principales de la région, c’est le cacao. Le fruit à cacao, c’est ça :

Une fois qu’on l’ouvre, on récupère des graines. On les fait sécher au soleil avant de les envoyer à une coopérative pour les torréfier. Après récoltent, ils stockent ça dans des sacs, et on peut voir ici comment les gars portent ça sur leur dos (sac d’environ 80kg) puis étalent les grains sur une bâche pour laisser le soleil faire son travail.

Et au fil de notre périple, nous sommes arrivés au village de Nfaitock, début du troisième tronçon.

Et là, c’est game over pour nous :

Alors ça ne ressort pas forcément sur les photos, mais il y a au milieu des énormes tranchées de plus de 60-70cm de profond, crées par le passage de roues des gros camions qui transportent le bois. Impossible de passer dedans avec le 4x4, l’essieu toucherait. Pour expliquer tout ça, je vous ai fait des petits schémas !

En temps normal, on fait comme ça :

Puis quand c’est trop profond, comme ici, on ne peut plus :

Du coup on est obligé d’enjamber, comme ceci :

Sauf que c’est risqué : si la roue glisse et tombe dans le passage, c’est le cassage d’essieu assuré (un peu comme celui sur la photo plus haut avec son pick-up blanc). L’autre solution c’est comme ceci :

Mais là aussi problème : la piste n’est pas large du tout, ce qui fait que la roue extérieure se retrouve sur le bas-côté. Et c’est le drame.

Dernier point important, c’est la saison des pluies, et il s’agit d’une région très pluvieuse. A cela s’ajoute des infiltrations d’eau, et le fait que la terre est argileuse. Tout ceci fait qu’on roule sur une boue très glissante, vraiment comme de la neige ! Donc les manœuvres décrites ci-dessus deviennent vraiment infaisables, même avec un très bon pilote.

La seule solution pour y accéder, c’est de louer des motos (et de chuter tous les 50m) ou un gros camion militaire. Ce n’était pas vraiment possible à ce moment-là. Notre périple c’est donc arrêté là, et nous sommes rentrés, sans avoir pu voir le 3^ème tronçon.

Voilà pour le récit de mon aventure ! J’espère que ça vous a plu, en tout cas j’en aurais d’autres à raconter dans les semaines qui viennent.

Et la photo fun pour finir : Depuis toujours les hommes se demandent « Mais pourquoi les femmes sont compliquées ? Que veulent-elles ? ». Les Camerounais ont ENFIN trouvé la réponse !

Ce que veulent les femmes, c’est que toute la famille dorme sous des moustiquaires !

Oui le paludisme (ou malaria) reste un vrai problème de société ici.

A bientôt !